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Alors que pas moins de sept livres sont sortis ces dernières semaines en librairie, tous consacrés au Qatar, Canal + -concurrencée par la chaîne qatarie BeIn Sport- apportait lundi soir sa pierre à l'édifice. La chaîne cryptée devait diffuser à 22h45, dans l'émission Spécial Investigation, un documentaire consacré au petit émirat du Golfe, qui montre pour la première fois comment le Qatar intervient dans le financement de la construction de mosquées en France.
Contrairement au discours officiel de l'ambassadeur du Qatar en France, Mohamed Al-Kuwari, selon lequel son pays n'aurait jamais financé de mosquée et n'aurait pas de visée prosélyte en France, on découvre que l'émirat finance, via Qatar Charity, sept projets de centres islamiques dans l'hexagone. La future mosquée de Mulhouse notamment, en construction depuis 2009, bénéficie d'un million d'euros du Qatar. L'association des musulmans d'Alsace, à l'origine de ce projet, se revendique des Frères Musulmans. Mieux: elle a reçu le soutien pour ce projet du sulfureux imam al-Qaradawi, prédicateur sur la chaîne Al Jazeera, extrémiste religieux auquel Nicolas Sarkozy avait interdit le territoire français en 2012.
Le petit émirat, qui est loin d'être une démocratie, est soupçonné de financer les islamistes syriens ainsi que ceux du Mali, rappelle le documentaire. Il fait pourtant l'objet d'une étonnante bienveillance de la part des responsables politiques français. Alors que l'ancien Premier ministre François Fillon intervient aujourd'hui au 13ème forum de Doha, le juge antiterroriste Marc Trévidic met en garde: «Je pense que l'Etat français devrait faire attention à ces investissements. A partir du moment où on met de l'argent, il y a toujours une arrière-pensée»