Les Bleus ont cette année une pression
folle. À cause des inondations, des attentats, des grèves, les français,
au bord de la crise de nerfs, sont en plus déprimés. Ils ont besoin
d'un bel Euro, qui les amène à la fête, à l'alcool, à l'oubli. Les Bleus
potentiels sauveurs d'un pays sous Lexomil ? C'est un peu ça.
Pendant un mois, on va se gaver de foot. On va en bouffer, moi qui aime le foot autant qu’une vieille bigoudène la house music, suis à moitié en dépression. Ça va être le mois de la pizza, de la bière tiède et du rototo, avec des gonzes défoncés en short qui exhibent leurs poils de jambes.
Les français, qui se sont farcis les attentats, la pénurie d’essence, les grèves, les crues, demandent une chose, que nos 23 gusses marquent des buts, avec le pied, la main, le nez, une fesse, c’est ça ou la tarte au Prozac cuite avec la tête dans le four. Depuis 98, dernier moment où collectivement on a réussi à tous se blairer, on rêve de revivre cette fusion où des blancs papouillent des blacks et des beurs tandis que des asiatiques disent "Oh les gars, on sait qu’on parle jamais de nous, mais on est là".
Les Bleus, ce n'est plus une équipe de foot, c'est une cellule psychologique. S’ils gagnent, pendant un mois, on sera gais tels de jeunes lapins qui découvrent qu’ils peuvent copuler 20h/24h. S’ils perdent, c’est fini, on sombrera ensemble, et les gens se jetteront déguisés en bambou dans l’enclos aux pandas du zoo de Beauval pour en finir avec la vie, en criant, avant le coup de patte fatal du plantigrade, "Hollande démission".
Je n’aimerais pas être à la place de ces bleus, chargés de guérir une nation entière, niveau pression, c’est comme de devoir annoncer aux équipes d’Arte l’existence de Tex. Hier, on a gagné, donc ce matin c’est la joie, Valérie Quintin m’a même souri, mais à la première défaite, on va tous chialer tel Philippe Martinez si sa moustache était atteinte de pelade. RTL