Atlantico : Il semble y avoir un réel décalage entre les vingtenaires d'aujourd'hui et les générations passées (celles de nos parents, grands-parents). Les Tanguys se sont généralisés et nombreux sont ceux qui ne sentent pas adultes. Peut-on parler d'une génération passive ?
Florence
Servan-Schreiber : On ne peut pas parler d'une génération passive, les
vingtenaires d'aujourd'hui ne sont pas oisifs ils sont simplement actifs
d'une manière différente. Notamment, parce que l'environnement
sociétal est actuellement plus difficile à maitriser. Les jeunes
d'aujourd'hui ne savent plus très bien de quoi sera fait leur avenir :
quel sera leur métier, ni dans quel pays ils vivront.
Ainsi ils tendent à se concentrer sur de micros objectifs. Des
objectifs plus petits que ceux que pouvaient avoir leurs parents et
grands-parents au même âge, principalement à cause d'un objectif final
difficile à cerner. De ce fait, ils se recentrent sur leurs études, la possibilité de voyager, la recherche de leur propre personnalité.Il faut plutôt parler de cette génération comme d'une génération qui avance en zigzag plutôt qu'en ligne droite comme pouvait le faire les générations précédentes au même âge.
Ces incertitudes expliquent ce phénomène des tanguys. En partie, parce qu'il est devenu quasi impossible d'acheter son propre logement sans avoir une carrière professionnelle. Dans la façon même dont l'apprentissage personnel se fait de nos jours–notamment par la généralisation des stages- l'état d'adulescent n'en est que prolongé. Les jeunes apprennent énormément de choses durant ce prolongement de l'adolescence mais ils n'ont pas les possibilités financières nécessaires à commencer leur (...)