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19 février 2015

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Je vous livre ce message d'espoir : Après cinq ans de combat contre le cancer du sein, j'ai finalement gagné le dernier round. J'ai eu les larmes aux yeux lorsque mon médecin m'a dit : "c'est fini, vous êtes libre maintenant". Il m'a fallu du temps pour réaliser que je pouvais enfin lâcher prise. On ne sort pas indemne d'un combat mené pendant cinq ans. On a juste la fierté d'avoir conjuré le sort et d'avoir cru en soi, en sa capacité à combattre et à vaincre cette injustice de la vie.

Je me suis donné toutes les chances de gagner mais je tiens à préciser que ce qui a été productif pour moi ne peut pas l'être pour tout le monde.

Me connaissant bien, j'ai appliqué des rituels qui ont porté leurs fruits : me berçant de musique douce, m'enfermant dans des moments de silence pour faire le vide dans ma tête, trouver une paix nécessaire afin d'éviter les angoisses d'un lendemain incertain. Tous ces bons moments étaient une sorte de préparation psychologique, ils me protégeaient et me renforçaient pour la prochaine échéance douloureuse du traitement.

Cette maladie a dévoilé le côté sombre de l'être humain chez quelques tordus et mis en lumière de belles personnes qui ont "irradié" la mienne en même temps que les traitements.

Je suis une survivante mais à quel prix !

J'ai fait des choix difficiles afin de me préserver de toute nuisance qui aurait pu enrayer le processus de rémission, mais aussi de ces personnes "malsaines" citées plus haut, comme on en trouve, hélas, partout. Ce sont ces gens qui, bien que le cancer ne soit pas contagieux, vous évitent, le simple fait d'être atteint d'une maladie grave les empêchant d'être heureux. Il aurait presque fallu que je m'excuse de troubler un semblant de bonheur. 

Il y a aussi les charognards et les voyeurs, à l'image de la société française, qui vous regardent comme une bête curieuse attendant le moment où vous tomberez dans la rue à cause de la fatigue. Il faut ignorer ceux qui s'amusent du malheur des autres, qui n'ont aucune compassion ou n'ont pas les capacités intellectuelles pour le faire car ils réduisent les chances de réussite. J'ai observé, encaissé... et éjecté : question de survie...

J'ai préféré mener seule ce combat, et en comité très restreint. Je ne me suis entourée que de gens aimants et rares... ceux qui ont veillé sur moi, ont tout partagé : mes doutes, mes traitements, ma dégradation physique, mes mouvements d'humeur, mes colères contre l'injustice de la vie ; ceux-là méritent qu'une statue leur soit érigée (ils se reconnaîtront).

Ayant été de "l'autre côté du lit" en qualité de soignante y compris dans les services de soins palliatifs, je pensais que cette maladie n'arrivait qu'aux autres. A l'annonce du diagnostic, j'étais groggy, je n'avais pas prévu ce genre de catastrophe dans ma vie, comme personne, d'ailleurs...

Je me suis comportée comme si cette maladie arrivait à une autre. J'étais une autre quand on m'a opérée, soignée ou lors des séances des radiothérapie ou même lorsque les psychologues tentaient de m'aider. Je ne m'attardais jamais à l'hôpital, je ressentais trop la souffrance du personnel et de ceux qu'ils traitaient quotidiennement. Leurs souffrances s'ajoutaient aux miennes.

Je me suis donc forgé une carapace pour ne pas "ressentir" ; je me suis fermée à toute nuisance, toute souffrance pour toujours... me semblait-il, à l'époque. 

J'ai essayé de m'échapper, jonglant avec les dates de prises de sang afin de ne pas connaître le résultat du taux de carcinome qui indiquait l'évolution de mon état ; j'essayais d'esquiver les contraintes mais il y avait toujours cette voix aimante qui me disait : "fais le au moins pour moi, pour nous".  Je me soumettais par amour et je crois que c'est l'amour qui a gagné face à ce cancer, l'amour qui a toujours guidé mes pas.

Les responsabilités, la sensation de ne pas avoir terminé le "travail" de mère oblige à rester vivante, incite à aller encore "plus haut, plus loin". Quand on est parent, on sait que l'on peut déplacer des montagnes pour ses enfants et ce n'était pas un cancer qui m'aurait empêchée de terminer le job, foi de coriace !

Si cette maladie m'a montré le côté noir de certaines personnes, elle m'a montré où étaient ma vraie famille, mes vrais amis ; elle m'a aussi appris à (re)découvrir les choses simples de la vie. Aujourd'hui, un rien me rend heureuse : un oiseau qui chante, le bruit des vagues, une belle chanson et le coeur s'apaise, la paix s'installe.

Aujourd'hui, même si j'ai gagné ce combat, je sais que d'autres sont à venir et je ne baisserai pas la garde car j'ai appris que la vie ne tient qu'à un fil...

Le message que j'essaie de transmettre, c'est que l'entourage est important, certes, mais que le mental, la rage de vivre, est ce qui peut faire la différence. En tous cas, ça a fait la différence, en ce qui me concerne. Et je rappelle que ce qui m'a été efficace ne le serait pas forcément pour d'autres. 

Je sais combien c'est dur, tellement difficile de ne pas sombrer dans le désespoir mais il faut suivre toutes les indications des médecins, aussi contraignantes soient-elles. Battez-vous ensemble contre le destin et ne perdez jamais espoir.

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