Laura, 24 ans, demande l'euthanasie. Le monde s'émeut, les Belges s'en désintéressent.
La vie de Laura ne laisse pas indifférent. Le couple formé par ses parents est pris dans une spirale de violence, de maltraitance et d'alcool. La garde de Laura est retirée à ses parents avant ses six ans. Elle sera élevée pendant plusieurs années par sa grand-mère. (...)
La demande d'euthanasie de Laura acceptée par trois médecins belges a déclenché un grand nombre de réactions dans les médias internationaux, Newsweek ou NYDailynews par exemple. Comment ne pas s'étonner du silence assourdissant du monde politique belge? Ce silence est perçu comme une complicité.
Les mains se tendent vers Laura, elles viennent de médecins qualifiés de l'étranger. Un médecin allemand propose de venir la soigner gratuitement, étant spécialiste de ce type de pathologie. Des personnes du Canada, de France, de Belgique cherchent à la contacter après avoir vécu des situations similaires pour partager leurs expériences. Un docteur américain offre de l'accueillir dans son centre dans le Vermont dans le Nord-Est des Etats-Unis. Que dire de ces personnes qui ont vécu une telle souffrance? Milly, 58 ans, est italienne, elle a vécu une enfance terrible et pensé trois fois à se suicider. Vers 24 ans, elle a posté une lettre sur le site tempi.it, elle se sent si proche de Laura et s'interroge: «Que font ces médecins qui précipitent Laura dans la mort? Ils nuisent». La Belgique s'est dotée d'un Centre de Prévention du Suicide performant, le CPS. Les techniques de prévention du suicide ne sont pas nécessairement une spécialité des médecins ou des psychologues. On peut s'interroger sur les motifs pour lesquels, pourquoi le CPS, dans un tel cas, n'est pas consulté.
En Belgique, l'euthanasie se banalise, il existe maintenant plusieurs centres de consultation de fin de vie. Derrière ce nom, des médecins ‘'spécialistes du texte de loi de l'euthanasie'' vous écoutent, pour étudier dans quelles conditions, ils sont prêts à pratiquer une euthanasie. Plusieurs réseaux LEIF en Flandre et EOL en Wallonie regroupent des médecins spécialement formés aux techniques de l'euthanasie. Le système est conçu de telle sorte que si vous souhaitez être euthanasié, votre énergie n'est pas tournée vers la recherche du médecin ou du centre le plus performant, mais vers la recherche du médecin qui accepte de pratiquer l'euthanasie et qui saura convaincre deux autres collègues, souvent membres des réseaux LEIF ou EOL, (rémunérés pour leur avis impartial).
Dans cette nouvelle dérive de la loi de 2002, les politiques belges sont aux abonnés absents, malgré l'image.