Vers 18 heures, deux hommes et une femme arrivent dans l'appartement. Selon les premiers témoignages recueillis par les policiers, ils appartiennent visiblement à la mouvance skinhead : tatouages de croix gammées, sweat-shirt "Blood and honour", un groupe néo-nazi britannique, etc. Entre les deux groupes, les invectives fusent rapidement. Les militants d'extrême gauche moquent la tenue des nouveaux arrivants.
"VIOLENT COUP DE POING"
Selon une source policière, c'est à ce moment-là que la victime et ses amis – moins identifiables à première vue – révèlent leur engagement politique antifasciste. Quelques minutes plus tard, ils quittent l'appartement, et, les provocations continuant, proposent aux skinheads de venir en découdre dans la rue. Ces derniers appellent du renfort avant de les rejoindre.
Dans la rue de Caumartin, une voie piétonne très commerçante située derrière les Grands Magasins du boulevard Haussmann, les deux groupes se retrouvent ainsi à quatre contre quatre. Mais la rixe ne dure pas longtemps. Clément Méric, qui n'a pas encore commencé à se battre, reçoit un "violent coup de poing", selon les témoins. Le jeune homme, qui est loin d'avoir la carrure de ses adversaires – il est même plutôt frêle –, chute et sa tête heurte un poteau. Il perd connaissance. Rapidement transféré à l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière (Paris-13e), il ne se réveillera pas.
Entre-temps, les agresseurs se sont enfuis. Les investigations ont été confiées à la police judiciaire parisienne. Les enquêteurs disposent de la vidéosurveillance, très présente dans la rue, et de nombreux témoignages – le mercredi après-midi, il y a foule. Jeudi matin, les trois amis de la victime n'avaient pas souhaité déposer plainte. LE MONDE
Le leader des Jeunesses nationalistes révolutionnaires dément l'implication de son groupe dans l'agression d'un jeune militant d'extrême gauche mercredi soir à Paris. D'après lui, ce serait la victime et ses amis qui ont provoqué l'altercation.
Pour la Parti de Gauche, la victime a été "violemment frappée au sol par un groupe de plusieurs militants d'extrême droite, manifestement du Groupe JNR". Une version démentie jeudi matin par le leader des Jeunesses nationalistes révolutionnaires. Pour Serge Ayoub, alias "Batskin", son groupe n'est pas mêlé au drame et ce sont les militants d'extrême gauche qui ont provoqué l'altercation à l'origine de l'agression d'un étudiant de Sciences Po, membre de Solidaires Etudiants, déclaré en état de mort cérébrale.
Selon M. Ayoub, qui dit avoir "eu le temps de se renseigner" sur l'agression,
"trois jeunes hommes et une fille, la compagne de l'un des jeunes", se
sont rendus "normalement" mercredi dans une vente privée du quartier de
la gare Saint-Lazare. Selon lui, ce sont "des jeunes qui ont le malheur
d'avoir les cheveux trop courts et une marque de blouson qui déplait à
d'autres".
"Les jeunes d'extrême gauche les attendaient à la sortie"
Sur
le lieu de la vente privée, "ils ont été pris à partie par cinq
militants d'extrême gauche qui leur ont promis de les massacrer à la
sortie. Le service d'ordre de la vente privée en a été témoin. Il a
proposé à ces trois jeunes plus la gamine d'attendre", affirme-t-il. "La
sécurité est descendue pour demander aux jeunes d'extrême gauche de
s'en aller. Au bout d'une demi-heure d'attente, la sécurité leur a
proposé (aux autres jeunes, NDLR) de descendre en disant que cela
s'était calmé", poursuit M. Ayoub."Quand ils sont descendus dans la cour
- la vente se situait dans les étages -, les jeunes d'extrême gauche
les attendaient. La sécurité est sortie une deuxième fois pour les
accompagner dehors".
"Un peu plus loin dehors,
ces cinq jeunes hommes les attendaient encore. A ce moment-là, les
jeunes d'extrême gauche ont porté les premiers coups, en tout cas il y a
eu une bousculade", assure le leader des JNR. Selon lui, "les trois
(militants d'extrême droite) n'avaient qu'une seule envie c'est de s'en
aller, de partir".
Pour Serge Ayoub, "il y a une
responsabilité" à faire porter "sur des gens comme Mélenchon" parce que
"ce sont eux et les gens d'extrême gauche qui incitent à la haine depuis
des mois et des années". "Ce n'est pas anodin de s'appeler 'chasseurs
de skins', ce n'est pas anodin de se dire 'anti-fa', ce n'est pas anodin
de chercher partout à lutter contre un fascisme qui n'existe pas",
a-t-il dénoncé. TF1