Sujet à la fois périlleux et récurrent entre tous, comment l’Islam
est-il traité par les médias français ? Après un mois particulièrement
chargé en actualités ayant trait à un certain Islam en guerre contre le
Christianisme – profanation du cimetière de Castres, noyades de migrants
chrétiens par des migrants musulmans et attentats déjoués contre des
églises -, l’OJIM se penche sur cette question critique.
La guerre que mène contre l’Occident l’Islam radical, du 11 septembre
2001 jusqu’à aujourd’hui, comporte plus qu’à aucune autre époque une
dimension médiatique et spectaculaire. On sait depuis Sun Tzu, et
davantage encore depuis Clausewitz, que la guerre se mène et se gagne
bien au-delà du choc des hommes. Dans un monde à la fois globalisé et
hyper-médiatisé, le combat sur le plan de l’image est stratégiquement
essentiel. Au point, d’ailleurs, que la destruction des Twin Towers, à
New York, fut avant tout, en termes militaires, un attentat visuel. 3000
morts chez l’ennemi, si on les compare aux carnages des guerres
classiques, ce n’est pas grand-chose. Mais la diffusion de telles images
d’apocalypse hollywoodienne en boucle sur toute la planète, voilà quel
était le remarquable succès stratégique de l’attaque. Depuis, Al Quaeda
s’est vu supplantée par Daech, et l’État Islamique, quant à lui,
mitraille toujours en premier lieu sur le front médiatique. Exploitant
le constat publicitaire sordide qu’on pourrait résumer par : « Plus
c’est
gore, plus ça
buzze », leurs atrocités diverses permettent à ces excellents communicants de cumuler les vues sur YouTube.
Le piratage de TV5 Monde,
le 8 avril dernier, par une branche internet se réclamant de l’État
Islamique, témoignait encore de l’efficacité de leurs techniques comme
de l’importance allouée à cette dimension du combat. Dans un tel
contexte, l’information et son traitement dans nos médias deviennent un
exercice très complexe puisqu’ils se jouent désormais sur un champ de
bataille : on sort du cercle civil pour se retrouver aux prises avec des
problématiques militaires. L’information devient un enjeu stratégique,
qu’on le veuille ou non, sauf que le pays n’étant pas non plus soumis à
une quelconque loi martiale, une certaine ambiguïté dans la marge de
manœuvre vient ajouter encore une difficulté supplémentaire. Ainsi, d’un
côté, il serait absurde de reprocher aux médias de traiter des
agressions islamiques sans employer un filtre particulier. D’un autre
côté, le filtre en question, s’il ne doit pas empêcher la mission
d’information du grand public, doit également être jugé pour ses
conséquences militaires.