En visite officielle dans la bande de
Gaza, Cheikh Hamad al-Thani arrive avec de nombreux projets d’aide aux
islamistes du Hamas, qui contrôlent le territoire. Au grand dam de
Mahmoud Abbas, le chef de l’Autorité palestinienne
Si la visite à Gaza mardi de Cheikh
Hamad al-Thani est une première de la part d’un chef d’État arabe, il ne
s’agit pas, en revanche, d’une véritable surprise. L’émir du Qatar est
en effet un ami personnel de Khaled Mechaal, le chef du bureau politique
du Hamas, le Mouvement de la résistance islamique, qui contrôle le
territoire palestinien coincé entre Israël et l’Égypte. Petit détail qui
en dit long : depuis son départ au printemps de sa base arrière
damascène, Mechaal est logé à l’hôtel Four Seasons de Doha, sous
protection de ses hôtes qatariens.
Sur l’échiquier palestinien, Doha n’a
jamais fait mystère de ses préférences pour les islamistes du Hamas, au
détriment de leur rival nationaliste, Mahmoud Abbas, le chef de
l’Autorité palestinienne. En début d’année, Doha a tenté – en vain – de
réconcilier les deux camps.
Nul doute que cette visite hautement
symbolique va encore creuser la défiance des responsables palestiniens
de Cisjordanie envers le Qatar. « En fait, derrière des déclarations
apaisantes, Mahmoud Abbas et ses amis sont furieux, affirme un diplomate
à Jérusalem. À leurs yeux, les objectifs de cette visite ne sont pas
clairs du tout. Le Qatar parle de réconciliation, et en même temps,
l’émir et la cheikha Moza effectuent une visite officielle à Gaza, la
première d’un chef d’État arabe, c’est quand même osé », poursuit ce
diplomate.
D’autant que depuis plusieurs années,
Doha ne finance plus une Autorité palestinienne, pourtant au bord de la
faillite, alors que l’émirat est soupçonné d’aider le Hamas, la branche
palestinienne de la confrérie des Frères musulmans, par laquelle Doha
exerce aujourd’hui son influence dans les pays arabes qui se sont
soulevés contre les dictateurs.