- James Eagan Holmes, le suspect de la tuerie d'Aurora, lors de sa première apparition au tribunal. REUTERS -
Vendredi dernier, peu après minuit, un homme masqué a ouvert le feu dans un cinéma d'Aurora, Colorado, lors de l'avant première de The Dark Knight Rises, faisant douze morts et cinquante-neuf blessés parmi les spectateurs. Aurora se trouve à vingt kilomètres de Littleton, où s'était produit le massacre du lycée de Columbine (1999). La violence appelle-t-elle la violence?
C'est possible. Certains lieux, certaines époques, certaines personnes semblent ainsi particulièrement concernés par les actes de violence. Des organisations tels que CeaseFire et la Violence Prevention Alliance comparent la violence à une maladie, dans la mesure où elle peut s'avérer contagieuse (un acte de violence en provoquant souvent un autre), et parce qu'elle évolue par cycle, à la manière d'une épidémie. Elle peut aussi prendre la forme de brusques flambées (génocides, guerres des gangs, insurrections sociales) ou de comportements agressifs durablement ancrés dans les mœurs.
Les universitaires Nancy Guerra et L.R. Huesmann sont parvenus à expliquer le fonctionnement de l'agressivité au sein d'une communauté; comment la brutalité domestique (conjoint, enfants) peut se muer en violence contre des proches et des étrangers, puis en violence généralisée. La théorie de l'apprentissage social d'Albert Bandura nous permet par ailleurs de mieux comprendre la façon dont chaque être humain calque son comportement sur celui des autres; une ville en proie à la brutalité et à la colère pourrait ainsi entretenir son propre mal.
Les meurtres de masse représentent une forme de violence terrifiante et bien particulière. Elle diffère des effusions de sang «ordinaires» (ainsi que de la folie meurtrière et des meurtres en série). Ces meurtres se caractérisent par le fait qu'il y a à la fois plus de trois victimes, un lieu unique, et un moment précis. Leurs auteurs présentent souvent une tension nerveuse extrême et des désordres psychologiques. Leur désespoir pourrait les rendre tout particulièrement vulnérables à l'effet d'«imitation»: tout article ou reportage mentionnant un carnage pourrait les inciter à mettre sur pied le même type d'opération, ou les pousser à agir de manière similaire.
Dans son résumé des travaux de recherche portant sur les meurtres de masse (PDF), le Center for Public Safety Initiatives relève des vagues de violence meurtrières dans les années 1920, 1930, 1980 et 1990. De 1986 à 1995, plus de quarante personnes ont été tuées dans des bureaux de postes ou par des postiers. (Le Los Angeles Times fut le premier à utiliser l'expression «going postal» [faire son postier] pour décrire une explosion de colère meurtrière). Au tournant du siècle, une série de fusillades ont frappé les écoles du pays, transformant les salles de classes en véritables champs de tir. Les campus américains ont également connu de nombreux actes de violence; notamment le massacre de Columbine (quinze morts, dont douze élèves, un enseignant, et les deux tueurs) et la fusillade de Virginia Tech (2007), qui a fait trente-deux victimes. Lire la suite
NDLR : Intéressante analyse rapportée par le journal en ligne Slate sur les meurtres de masse. En revanche, il faut rappeler tous les enfants victimes de violence ne tombent dans la folie meurtrière et ne reproduisent pas forcément les schémas de violences dont ils ont été victimes et témoins.
Selon le Figaro, le tueur avait annoncé ses intentions dans ses dessins adressés à un psychiatre
Vendredi dernier, peu après minuit, un homme masqué a ouvert le feu dans un cinéma d'Aurora, Colorado, lors de l'avant première de The Dark Knight Rises, faisant douze morts et cinquante-neuf blessés parmi les spectateurs. Aurora se trouve à vingt kilomètres de Littleton, où s'était produit le massacre du lycée de Columbine (1999). La violence appelle-t-elle la violence?
C'est possible. Certains lieux, certaines époques, certaines personnes semblent ainsi particulièrement concernés par les actes de violence. Des organisations tels que CeaseFire et la Violence Prevention Alliance comparent la violence à une maladie, dans la mesure où elle peut s'avérer contagieuse (un acte de violence en provoquant souvent un autre), et parce qu'elle évolue par cycle, à la manière d'une épidémie. Elle peut aussi prendre la forme de brusques flambées (génocides, guerres des gangs, insurrections sociales) ou de comportements agressifs durablement ancrés dans les mœurs.
Contagion
Des études montrent que les enfants victimes de mauvais traitements développent une forme latente de cette «maladie», avant d'en faire subir les symptômes à leurs propres enfants. Tout comme le choléra, qui se répand via les eaux souillées et à l'occasion de grands rassemblements de personnes, la violence se perpétue lorsque nous l'observons –ou lorsque nous en sommes victimes.Les universitaires Nancy Guerra et L.R. Huesmann sont parvenus à expliquer le fonctionnement de l'agressivité au sein d'une communauté; comment la brutalité domestique (conjoint, enfants) peut se muer en violence contre des proches et des étrangers, puis en violence généralisée. La théorie de l'apprentissage social d'Albert Bandura nous permet par ailleurs de mieux comprendre la façon dont chaque être humain calque son comportement sur celui des autres; une ville en proie à la brutalité et à la colère pourrait ainsi entretenir son propre mal.
Les meurtres de masse représentent une forme de violence terrifiante et bien particulière. Elle diffère des effusions de sang «ordinaires» (ainsi que de la folie meurtrière et des meurtres en série). Ces meurtres se caractérisent par le fait qu'il y a à la fois plus de trois victimes, un lieu unique, et un moment précis. Leurs auteurs présentent souvent une tension nerveuse extrême et des désordres psychologiques. Leur désespoir pourrait les rendre tout particulièrement vulnérables à l'effet d'«imitation»: tout article ou reportage mentionnant un carnage pourrait les inciter à mettre sur pied le même type d'opération, ou les pousser à agir de manière similaire.
Dans son résumé des travaux de recherche portant sur les meurtres de masse (PDF), le Center for Public Safety Initiatives relève des vagues de violence meurtrières dans les années 1920, 1930, 1980 et 1990. De 1986 à 1995, plus de quarante personnes ont été tuées dans des bureaux de postes ou par des postiers. (Le Los Angeles Times fut le premier à utiliser l'expression «going postal» [faire son postier] pour décrire une explosion de colère meurtrière). Au tournant du siècle, une série de fusillades ont frappé les écoles du pays, transformant les salles de classes en véritables champs de tir. Les campus américains ont également connu de nombreux actes de violence; notamment le massacre de Columbine (quinze morts, dont douze élèves, un enseignant, et les deux tueurs) et la fusillade de Virginia Tech (2007), qui a fait trente-deux victimes. Lire la suite
NDLR : Intéressante analyse rapportée par le journal en ligne Slate sur les meurtres de masse. En revanche, il faut rappeler tous les enfants victimes de violence ne tombent dans la folie meurtrière et ne reproduisent pas forcément les schémas de violences dont ils ont été victimes et témoins.
Selon le Figaro, le tueur avait annoncé ses intentions dans ses dessins adressés à un psychiatre
Le jeune homme a comparu pour la première fois lundi devant la justice. Il n'a pas prononcé la moindre parole durant l'audience et n'a exprimé aucune émotion. En prison, son attitude détachée surprend aussi beaucoup. Il a demandé à plusieurs reprises aux gardes de lui raconter la fin du dernier Batman.The Dark Knight Rises, rapporte mercredi le New York Daily News. D'autres détails ont aussi émergé quant à la scolarité du suspect. D'après de nouvelles sources, Holmes aurait fait un très mauvais oral lors de ses examens de fin d'année, le 7 juin. Trois jours plus tard, il demandait, sans en donner la raison, de quitter son doctorat.
Un dénominateur commun avec Breivik, l'auteur de la tuerie d'Oslo : le manque de remords, d'empathie qui dénote une démence incontestable